La beauté est une manière de résister au monde, de tenir devant lui et d’opposer à sa fureur une patience active. [Christian Bobin]
Deux visites bien différentes.
Voici un des spots de Belgique les plus magnifiques, le fameux château Miranda. C’est un réel bonheur d’avoir eu l’exclusivité de pouvoir explorer ce magnifique patrimoine que tous les plus grands urbexeurs ont pu fouler. La première visite fût tellement impressionnante qu’une deuxième s’est organisée lors du road trip de janvier 2014. Malheureusement cette dernière a été beaucoup moins agréable…
La première s’est réalisée pendant une journée d’automne bien grise, juste après l’exploration de « Cooling Tower », en 2013. Pour le coup, l’endroit n’a strictement rien à voir et l’ambiance change du tout au tout, pour le plus grand bonheur. Il faut dire ce qui est, le spot en met plein la vue. Pour y accéder pourtant, ce n’est pas une partie de plaisir. Après avoir marché une bonne vingtaine de minutes dans la forêt dense et non entretenue puis avoir gravi une bonne pente, le château Miranda se fait enfin remarquer entre les arbres endormis et le blizzard formé par les quelques flocons qui tombent.
À ce moment précis, c’est là qu’il est très facile de voir que le spot en impose vraiment. Il est tout simplement magnifique, mais le plus triste dans tout cela c’est qu’il est sévèrement dégradé. L’approche se fait doucement de peur que quelqu’un apparaisse de nulle part. Il faut dire que la visibilité du spot est bien présente (le terrain étant vaste), mais le château est quand même bien isolé. Finalement, personne ne sera présent pendant toute cette première exploration et c’est avec tranquillité et plénitude que l’endroit peut être exploré minutieusement.
Il ressemble étrangement au manoir Wayne et son emplacement à cet endroit précis, au milieu de nulle part, en fait un spot intrigant et qui impose le respect total.
Il faudra noter que toutes les photos et la majeure partie du récit correspondront à la première excursion de novembre. Lors de la deuxième visite de janvier, la direction vers l’arrière de la bâtisse a été entreprise. En réalité cette deuxième visite était une mauvaise idée. En effet, un avis de démolition concernant ce magnifique patrimoine a été déposé durant les fêtes de fin d’année 2013. Depuis, c’est un véritable défilé et le spot est devenu « touristique ». Il est devenu alors bien surveillé et la sortie a été faite plus que rapidement. Il manquait des clichés de l’arrière de la bâtisse, qui n’avaient pas été fait lors de la première visite et qui ont pu être pris lors de la deuxième.
Arrivés derrière le château Miranda, ce ne sont pas moins de 12 personnes qui sont croisées. Ainsi, un couple de Hollandais était présent, des Allemands et un couple de Français. C’est avec eux que la deuxième exploration a eu lieu avant « la mise à la porte ».
L’entrée dans la première visite.
Lors de la première visite, l’immersion dans le château se fera en mode ninja. Une fois dedans c’est avec effroi que la constatation des dégâts se fait. Le spot commence à être vraiment ravagé et par comparaison avec la visite d’autres explorateurs via leur site Internet, les dégâts ont été amplifiés depuis. C’est un endroit qui va se dégrader de façon exponentielle avec le temps, si les vandales n’y contribuent pas un peu plus malheureusement… C’est avec une énorme boule au cœur que la visite se fait. Au fil de la progression beaucoup de choses sont délabrées, et c’est effroyable de voir un tel patrimoine se perdre ainsi, mais peu de choses peuvent être faites, si ce n’est que de constater.
L’entrée se révèle magnifique. Malgré le fait qu’elle soit en état avancé de décomposition (le plafond tombe et les marches sont cassées (pour le coup cela ne peut être que l’œuvre de vandales, totalement irrespectueux)), elle en jette toujours.
Certains dessus de fenêtres et de portes font penser à une décoration orientale. C’est assez impressionnant de trouver ce type d’architecture dans un château du nord de l’Europe, mais cela fait toujours plaisir à contempler.
L’histoire.
Pour la petite histoire, cet édifice date de la Révolution française. Un comte est chassé de chez lui et vient se réfugier dans un corps de ferme qui était à la base du château. C’est par la suite que les descendants de ce comte transformèrent la ferme en cet endroit magnifique grâce à un architecte anglais. En revanche, c’est un architecte français qui fit ériger la tour centrale au début du XXème siècle. C’est un château qui fut ensuite occupé pendant un temps par les troupes allemandes durant la Seconde Guerre mondiale puis il fut reconverti en centre de vacances pour les enfants pour ces derniers jours. C’est dans les années 90 que son abandon se fait, suite à la présence de la mérule, champignon qui attaque les charpentes et le bois et les fragilise.
D’où la dangerosité de l’endroit. Elle est de niveau 9/10, certaines salles sont infranchissables et d’autres sont totalement effondrées. La plupart des étages ne sont plus accessibles malheureusement et par endroits le plancher a été pillé, ce qui favorise les infiltrations d’eau et accélère considérablement l’état de dégradation du spot.
La pièce centrale qui suit l’entrée offre encore un plafond majestueux, qu’il est très appréciable d’admirer.
La mauvaise rencontre, puis l’exclusion.
Lors de la deuxième visite, c’est dans cette salle que le gardien du lieu nous a trouvé. Étant trop nombreux dans le spot et les voitures (d’immatriculation étrangère) étant toutes garées dans le village qui côtoie le château, la rencontre était inévitable. Ce dernier demande alors le formatage immédiat de la carte SD et les papiers d’identité… C’est un garde forestier et il est clairement là pour nous faire comprendre qu’il existe aussi des lois dans ce domaine. Après avoir mis une petite pression et après avoir provoqué en parlant des amendes, il demande de partir immédiatement du spot, sans encombres. C’est donc lors de ce deuxième périple que la visite prend fin.
Après cet aparté, reprise du récit de la première exploration.
Au rez-de-chaussée, un coin cuisine est présent, avec encore quelques éléments de décor, comme un four, un évier et des plans de travail en inox.
Malgré les passages répétés en tous genres, certains éléments sont encore présents et cela relève du miracle. Ainsi, certaines fenêtres (bien qu’avec les carreaux cassés) ont gardé leur contour en bois intact. Ils n’ont pas été pillés ce qui est très appréciable.
Accès à la cave.
Des escaliers en pierre et béton se font apercevoir. Ils mènent aux étages et à la cave. C’est d’abord cette dernière qui est explorée. En bas, beaucoup de choses intéressantes. Tout d’abord plusieurs salles qui communiquent ensemble et qui formaient les cuisines.
Elles sont impressionnantes et elles datent très certainement du centre de vacances pour les jeunes enfants. Les plans de travail sont toujours là, les tiroirs mais aussi de gros bains-marie professionnels avec leur manomètre.
Par progression, c’est une « pseudo » salle de classe qui est mise en scène. Surement l’œuvre d’un groupe précédent d’explorateurs. À la base la pièce n’était absolument pas prévue pour ça.
Les accès pour le spot sont multiples. Dans tous les coins des aménagements ont été fait pour que des personnes puissent passer et entrer dans le château.
Lors de la deuxième exploration, certains de ces accès avaient été refermés. Pour d’autres accès, des charognes avaient été placées sur les rebords de fenêtres ou au passage des portes, pour dissuader les plus peureux. D’ailleurs, dans cette fameuse « pseudo » salle de classe, une carcasse était présente, ce qui n’était pas le cas lors de la première exploration.
Accès aux étages.
Dans la première visite, la remontée se fait pour une exploration des étages.
C’est avec une grande émotion que la visite se fait et un très grand enthousiasme. Se dire que cet endroit est un des hauts lieux des urbexeurs fait chaud au cœur. Toute la terre et la poussière accumulées dans le château révèlent des traces de pas diverses traduisant le passage répété des explorateurs. Se dire que les groupes « Urbex.me », « Boreally », le collectif ayant formé « Beauty in Decay » et bien d’autres ont foulé ce sol fait quelque chose et ne laisse pas indifférent.
L’ascension se fait jusque sur le toit, tout du moins elle est tentée, mais vite freinée par la dangerosité. Le toit est entièrement effondré et la charpente est imbibée d’eau. Certaines parties manquent de tomber dans les jours voir limite les heures qui arrivent.
Les photos vues sur d’autres sites de confrères donnent envie de monter sur le toit pour réaliser des prises de vue d’en haut. Malheureusement il pleut depuis un certain temps maintenant dans la région, c’est tout de même l’automne. La dangerosité a fait repousser cette envie pourtant très grande. Pas de photos vues du haut, bien dommage. Ces photos n’auront pas été non plus tentées lors du deuxième passage (de toute façon le temps ne l’a pas permis puisque à ce stade, l’exploration avait déjà été écourtée…).
Aux étages, certaines pièces ont un sol très douteux, bien mou et qui s’enfoncent au moindre pas, il était hors de question de s’attarder davantage.
Un balcon a quand même été atteint pour quelques photos de la façade extérieure et en hauteur.
La tour centrale a été atteinte aussi, mais n’a pas été empruntée toujours de par une dangerosité bien présente et faute de matériel. Tout ceci est bien dommage, quelques éléments ont été manqués, mais ce n’est pas non plus la fin du monde.
La sortie.
La première visite aura duré quelques heures, le temps de bien tout explorer ce qui pouvait être praticable et de s’imprégner du lieu. Quelques heures de bonheur et de tranquillité. Elles ont permis de bien en profiter. Cela n’était pas le cas de la deuxième visite…
La sortie est regagnée. Quelques photos d’extérieur sont prises, ainsi que les dépendances mais c’est sans s’attarder que le chemin vers la forêt dense est pris. Après « un bon » vingt minutes de marche, la voiture est regagnée.
C’est une des visites les plus impressionnantes jamais faite sur UrbexElement. C’est peut-être LA visite la plus magnifique même. C’est un patrimoine hallucinant et majestueux qu’il est scotchant de découvrir. Malheureusement l’état avancé de dégradation fait vraiment mal au cœur et il est difficile de se dire qu’un tel endroit est laissé pour mort. Pour le coup, la nature a vraiment repris ses droits puisque le château est à la merci de la mérule.
Qui sait encore pendant combien de temps il tiendra debout, certaines parties sont sévèrement attaquées et risques de tomber à tout moment.
Un avis de démolition avait été déposé courant décembre et janvier 2013-2014. Une énorme pétition a tourné en masse sur la toile et nous avions relayé l’info. Finalement la démolition a été repoussée. Qui sait pour combien de temps encore ? Et après tout, est-ce une bonne chose ? Il faudrait une rénovation de masse sur cet édifice à la vue des dégâts…
Dédicace à toutes les personnes croisées sur place le jour de la deuxième visite. Dédicace au couple d’urbexeurs français Florian et Alex, avec qui une partie de la deuxième visite a été réalisée. Vous pouvez retrouver leur site Internet ici : Flo delabioteam 1 et Flo delabioteam 2
Il s’agissait de notre dernière visite faite lors du road trip de janvier 2014 en Belgique ! Un spot qui boucle ce voyage mémorable d’une semaine. Nous n’avons pas eu le temps de nous investir dans l’Urbex depuis, avec nos activités professionnelles, mais nous comptons reprendre du temps pour refaire des explorations car cela nous manque. Nous avons décidé de vous présenter ce spot pour cette fin d’année 2014 car il représente pour nous un endroit vraiment magnifique. Restez à l’affût, car il reste quelques articles en rab de notre road trip ;).
Pour découvrir ce château magnifique, c’est juste après ! Bonne visualisation et à très bientôt pour de nouvelles explorations ! N’hésitez pas à aimer notre page Facebook, Twitter, Google + mais aussi Instagram ! N’hésitez pas à partager notre travail et surtout, soyez toujours respectueux des lieux abandonnés que vous visitez ;-).
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